handicapchallenge.fr

Le dire

 

 

 

Accueil 
Energies 
Stratégies 
Tabous 
Mentalités 
Se connaître 
Le dire 
Agir 
Ressources 
Guide 

 

Ces textes parfois polémistes et pamphlétaires de Philippe Barraqué sont extraits du blog "Handi t'es pas cap" qui a été remplacé par ce site. Des thèmes sensibles qui font débat et qui invitent à la prise de conscience et à l'évolution des mentalités. Des témoignages d'internautes.

Handi soit-il!

 
J'ai rêvé d'un monde où il n'y aurait que des handicapés. Si! Je hais les valides. J'exècre les insolents qui n'ont pas quatre roues.
Les portes seraient très larges et très basses. De ce fait, les valides seraient obligés de se courber en deux pour passer. Au fil des années, ils rejoindraient la cohorte des voûtés, des scoliosés, des soumis!
 
Très minoritaires dans la société des hands, ils subiraient des discriminations. On leur allouerait une Allocation Adulte Valide, bien en dessous du seuil de pauvreté. Mais ils auraient beau crier misère au pied des pentes des Ministères et de l'Elysée, le Président tétraplégique ne les entendrait pas. On leur roulerait sur les pieds, les obligerait à manger à genoux, à la même hauteur que les tables des "hands". Ils seraient contraints de s'habiller dans nos magasins de prêt à porter : les pantalons zippés sur les côtés avec des velcros, la coupe de veste adaptée à la position assise.
 
Bien sûr, on n'est pas sectaire, on leur réserverait quelques places de stationnement "valides" pour se garer, mais tellement larges, qu'on les obligerait à stationner leur véhicule à cinq mètres l'un de l'autre, et en épi! A Paris, les piétons "en situation de valide" n'auraient pas droit aux vélos Handilib, sauf s'ils se procurent le kit "petites roues arrière".
 
J'ai rêvé d'Handiland et Paralysator l'a fait. Ouah! je n'en crois pas mes yeux, plus de marche, rien que des pentes, des ascenseurs à perte de vue. Une touffe de cheveux qui dépasse au loin, c'est un valide. Allo ! la BAC (Brigade d'Accessibilité)? Dégagez moi ça! Il n'est pas de chez nous! On n'en veut pas ici! On est entre nous, bien, si bien. Mais sur qui râler maintenant qu'on a tout? Si on faisait un jeu de rôle? Je fais le valide, tu fais le handicapé. Mais faire le valide, c'est dégradant. Deux jambes seulement qui s'appuient sur le sol pour avancer. Nous, on glisse, on glisse... sur nos utopies, nos illusions.
Philippe Barraqué
© 2009 Tous droits de reproduction, de traduction, d’adaptation et d’exécution réservés pour tous pays . All rights reserved
"J'en ai pour une minute"
 
Vous roulez tranquillement sur le trottoir. Vous revenez de l’hyper avec des sacs de courses accrochés à chaque poignet du fauteuil électrique, le surplus sur vos genoux. Un rutilant 4X4 se gare sur le trottoir devant vous. Il aurait pu attendre que vous passiez. Non, non. Un échevelé sort de sa carlingue automobile et vous lance, sûr de lui, « j’en ai pour une minute ». Incivilité à la française. A l'arrière de son panzer agressif, deux gosses vous regardent, interrogateurs :
« Elle a quoi la dame ? Elle attend quoi ? »
- Comme nous, dit la mère, que papa revienne.
 « Qu’est-ce qu’elle a la dame ? Elle a mal aux jambes ? »
- On ne regarde pas et on ne montre pas du doigt, c’est pas poli.
Agacée, vous retournez sur vos pas (euh, sur vos traces de pneus !) et empruntez le premier bateau qui se présente pour rouler sur la chaussée. Un automobiliste arrive en face, à vive allure. Vous saisissez son air ahuri et les pensées qui vont avec : « Mais qu’est qu’elle fait celle-là sur la chaussée ? Elle trouve qu’elle n’en a pas déjà assez, elle veut se faire renverser ? Elle n’est pas couchée à cette heure-là ? Vraiment c’est n’importe quoi. » Coup de klaxon.
Le handicap, c’est se confronter physiquement et quotidiennement à toutes sortes d’obstacles. On peut abattre des murs, supprimer des marches, mais on ne peut souvent rien contre la connerie humaine. Oui, les « j’en ai pour une minute », vous pouvez parader avec vos GPS, vos chars nippons métallisés, gueuler contre les radars, votre manière de vous comporter est une forme de violence routière.
Philippe Barraqué
© 2009 Tous droits de reproduction, de traduction, d’adaptation et d’exécution réservés pour tous pays . All rights reserved.
 
Petit florilège de places "handicapés" squattées
 
         

Karma chocolat

 
Il y a comme ça des jours où on sent de la résistance, des grains de sable dans les engrenages du destin, une invisible présence néfaste qui s'ingénue à parasiter le quotidien. Mais ne dramatisons pas. Il n'y a rien de grave. Nous ne sommes pas détenus en Colombie, éclatés en mille morceaux dans une rue pakistanaise, déportés par les torrents furieux provoqués par le réchauffement climatique. Non, on a un problème de chocolat. Oui, nous avons un karma chocolat. Depuis quelque temps, nous avons constaté que dans nos vies antérieures, nous avons fauté. Faisions-nous partie de ces aventuriers qui exploitaient les graines de cacao dans le cadre d'un commerce non équitable?
 
Toujours est-il que de passage à Deauville, l'un de ces étés derniers, nous avons tenté de pénétrer dans le magasin de chocolat "Au Duc de Morny", situé au 59 de la rue Désiré Le Hoc. Nous aimons bien citer certains négoces. On renouvelle ainsi le genre, après l'illustre Gabin qui hurlait dans le film la "Traversée de Paris" le nom et l'adresse du commerçant - alias De Funès - qui excellait dans le marché noir. Ah! le "Duc de Morny". Rien que le nom de ce demi-frère de Napoléon III qui a fondé la bonne ville de Deauville aurait du nous alerter. Pensez, un marchand de biens qui a racheté les terrains et les immeubles de la ville de Paris pour les revendre à prix d'or au baron Haussmann pour ses futurs boulevards !
 
Mais trêve de spéculateur, revenons à notre confiseur chocolatier. Nous ouvrons la porte de ce magasin cossu quand une dame digne et bien de sa personne nous en refuse l'entrée parce que "les roues du fauteuil roulant vont salir la moquette qui vient d'être changée". Que dire? Que faire? Se rend-elle vraiment compte qu'elle pourrait finir devant les tribunaux pour discrimination et refus de vente? - Même pas. Bénéfice du doute. Elle pense à sa moquette, à ce petit mètre carré qu'on rêve de voir brouté par une chèvre corse et rebelle, en cet instant précis! Ou bien une armée de handicapés en fauteuil qui, tels des cavaliers de l'Apocalypse, partent à l'assaut de la boutique et, ne pouvant accéder au comptoir trop haut, s'agrippent avec leurs doigts crochus pour tenter l'ascension de la vitrine.
Philippe Barraqué
© 2009 Tous droits de reproduction, de traduction, d’adaptation et d’exécution réservés pour tous pays . All rights reserved.

L'abus de vitesse tue

 
Violence routière, le grand scandale français. Les mesures gouvernementales ont fait baisser au fil des années le nombre des victimes sur les routes, mais combien de vies emportées, sacrifiées sur l’autel de la sacro-sainte automobile. S’est-on véritablement attaqué à ce mal français – un de plus – qui consiste à critiquer systématiquement toutes les mesures de sécurité routière tout en criant sa haine quand un proche se fait faucher par un surexcité du volant ? Mais également, s’est-on penché sur l’impact des publicités pour ces rutilants carrosses qui flattent la croupe machiste de quelques uns ? Curieusement, on a prévu des messages de prévention pour ceux qui mangent trop gras, trop salé ou sucré mais pas pour ces pubs qui flattent l’ego et les instincts meurtriers. Comme sur les paquets nicotineux, un slogan s'impose : l’abus de vitesse tue.

Elles en jettent ces pubs en noir et blanc, déclinant dans les moindres chromes la "BM" féline et de race pure, qui file à deux cents à l'heure sur un lacet montagneux. Et que dire de ce prétentieux aux dents longues - Hugo Boss et gourmette en or - délaissant femmes et enfants pour courir vers sa promise : une créature métallisée, botoxée au cuir pleine peau, génétiquement customisée.

On est parfois de la race des tricheurs : on s’achète un permis mais pas la civilité qui va avec. Le souci de la vie de l'autre. Ca existe l'autre ? – Non, c’est de la chair à tuning pour petits branleurs à tunes. Mais un jour : voix atone. Virage mal négocié. Grande virée entre copains sans capitaine de soirée. On commence par fumer de l'herbe puis on la bouffe par les racines dans le fossé.

Le voilà notre "grand frère", sous sa couverture de survie, des tuyaux jusqu’à lui cacher le ciel, le beat du monitoring comme mégabasse. Plus de mégabaise, de frime pour la galerie, d'échappée dans les couloirs de bus, de bras d’honneur. Il est là notre ami, en piteux état à Garches - service des grands accidentés de la route - incapable de bouger. Réduit à la portion congrue. Revenu à la case départ : on le lave, on le change, on l’aide à manger. Y’a pas de GPS qui le guide dans les allées de l’hôpital, rien qu’une grande solitude.

Et puis j’oubliais, il y a tous ceux qui n’ont rien demandé, qui roulaient peinard et qui se retrouvent malgré eux dans les mêmes chambres que ces "grands frères". Grands corps malades qui, dans les couloirs du service, ont le regard fuyant, absent. Certains sourient. D’autres en veulent à la terre entière. Faute de baston, c’est la défonce du distributeur de Coca, les joints dans les sous-sols de l’hôpital, dès qu’on a retrouvé un semblant d’autonomie.

Rééducation. Réadaptation. Réapprendre. On est rutilant dans son fauteuil électrique, maniant le joystick comme jadis sa Playstation. Va falloir vous reconstruire mes enfants! Leurs nanas sont là, silencieuses et indulgentes. C’est plus dans les cordes de l’instinct maternel d'accompagner le handicap de son compagnon que le contraire. Y’a pas beaucoup de mecs au chevet des nanas déglinguées de la route.

Une chose est sûre, le réapprentissage de la vie est long. Chaque respiration, chaque pas sont faits avec la conscience profonde d’être accroché à un fil ténu. Fragile, si fragile.
Philippe Barraqué
© 2009 Tous droits de reproduction, de traduction, d’adaptation et d’exécution réservés pour tous pays . All rights reserved.

                                                                  

Pathos

 
N’en finira-t-on jamais avec l’image compassionnelle de la personne handicapée vendant des cartes de vœux, des porte-clés et des calendriers chaque année au profit des associations ? Quand donc le cercle de la pitié, de l’assistance perpétuelle aux « plus fragiles » se brisera-t-il ?

Quand les associations se rendront-elles compte qu’elles contribuent souvent à perpétuer une image négative de la personne en situation de handicap en perpétuant ces actions d’un autre âge, d’un autre siècle ? Quand cessera-t-on d’aligner des enfants dans leur fauteuil roulant devant les caméras du téléthon ? Politique de la larme à l’œil, de l’apitoiement.

Quand sortira-t on du pathos chronique dans lequel les handicapés sont englués, enferrés ? Victimes parfois consentantes. Consternant constat que ces politiques associatives de prévention qui consistent à souligner un manque d’accessibilité par ci, une discrimination par là sans mettre en marche la machine juridique pour y remédier.

A quand un Grenelle du handicap ? Mais un Grenelle avec une proportion de personnes handicapées libres de paroles et ne faisant partie d’aucun clan associatif. Oui, les mentalités changent mais encore trop lentement. Cessons de se lamenter, de s'indigner. Agissons, chacun à notre mesure, avec nos possibilités.
Philippe Barraqué
© 2009 Tous droits de reproduction, de traduction, d’adaptation et d’exécution réservés pour tous pays . All rights reserved.

Pour une mort assumée

 
L'euthanasie, le droit qu'à chaque être humain de disposer de sa vie, ces sujets autour de la mort (sujets tabous comme le handicap) ont été relayés par les médias ces dernières années, notamment lors des affaires Vincent Humbert et Maïa Simon. Mais que d'hypocrisie de la part de certains médecins, de psychologues, d'une partie de la caste scientifique et politique face à ce combat contre la douleur extrême, la perte de l'autonomie minimale, la déchéance physique d'un corps devenu incontrôlable.
 
                                                                                          
Nous ne sommes pas contre la généralisation des soins palliatifs mais en gardant le libre choix d'interrompre une existence devenue invivable. Ce choix de partir avant le terme d'une maladie, avant que cela devienne trop difficile à vivre pour les proches, c'est une décision personnelle et personne n'a le droit de s'y substituer.

Le  "médicalement correct" n'a pas sa place dans cette décision. C'est l'aboutissement d'un dialogue permanent avec l'intime de soi qui dicte cet ultime acte de la vie. Pour autant, cette fin programmée de parcours doit être clairement définie par le législateur pour en limiter les dérives.

Il ne faudrait pas angéliser les services de soins palliatifs. D'accord, vous souffrez moins mais vous ne faites plus rien. Vous survivez. Parfois même, vous n'avez plus conscience que vous survivez. Bien sûr, si vous pratiquez le Bardo Thödol, vous remerciez le jour qui vient, le chant effacé d'un oiseau, le bruit des talons de l'infirmière dans le couloir, la cerise qui surnage dans votre compote servie à quatre heures! Mais invariablement, vous finissez dans ce vague brouillard comme un légume, avec vos couches, reliés par des tuyaux, des cordons ombilicaux qui vous assistent jusqu'au jour où on vous les coupe : un accouchement à l'envers.

Et si, par esprit de contradiction, vous avez le muscle cardiaque un peu trop résistant, le docte spécialiste débranche l'alimentation artificielle et vous mourez de soif et de faim. Ascétique non? La société est tranquille, votre famille rassurée. Tout a été fait dans les règles.
Philippe Barraqué
© 2009 Tous droits de reproduction, de traduction, d’adaptation et d’exécution réservés pour tous pays . All rights reserved.

Toi, moi et le fauteuil

 
Il y a Toi; c'est bien normal, tu es dans le fauteuil. Il y a Moi, ta moitié, qui le pousse. Et puis il y a le fauteuil : il est important, presque humain, contrariant comme tous les "presque" humains, mais respectable, car il nous donne à Toi, à Moi, une autonomie pour la vie quotidienne.

Quand je pousse le fauteuil, je suis handicapé, ou tout du moins je ressens sur moi des regards qui ne sont plus codifiés comme ceux que je croise dans ma vie ordinaire de valide. Je suis celui qui pousse un fauteuil roulant (on disait jadis « une petite chaise », « une chaise », il n’est pas rare de l'entendre encore). On m'examine, on me scrute, des regards se détournent, d'autres regardent à la dérobée. J'entends de subliminales questions qui passent dans le cortex des passants : "c'est son frère, tu crois? Son ami, son mari, sa tierce personne? Tierce. Tiens encore le nombre trois : Toi, Moi... et le fauteuil.

Toi dans le fauteuil, on se dit que tu as l'habitude, qu'on se fait à tout. Mais non, tu t'es adaptée, c'est tout. Bien obligé. Pas le choix. Ton handicap - pardon ta déficience physique - tu ne la brandis pas comme une bannière, comme une raison d'exister. Non, tu existes malgré ce fauteuil, en dehors de ce fauteuil. D'ailleurs quand tu rêves, tu marches, tu glisses au-dessus des champs de blé moutonnant, tu cours, tu folâtres, tu n'as plus de fauteuil. Tu ouvres l'œil. Il est là qui t'attend.
 
                                                                                           

Est-ce que le handicap a été une chance pour toi? - Tu ne le penses pas. La voix du bon sens dit toujours qu'il vaut mieux être comme tout le monde, vivre dans un milieu aisé, avoir une bonne santé, etc. Mais c'est comme ça, tu es dans un fauteuil et tu as ton compagnon qui le pousse.

Pour plus d'autonomie, d'indépendance, tu circules aussi en fauteuil électrique. J'essaye de te suivre, mais comme chacun sait, un "handi" en fauteuil électrique trace, slalome, écrase les pieds d'une vieille dame, d'une femme en robe à fleurs de la Sécu, d'une jeune ingénue qui proclame la bouche en cœur : "parce que je le vaux bien!"

Et puis, il y a le fauteuil. C'est un personnage à part. Il me salit les mains, les pantalons, quand je le remonte dans le coffre de la voiture. Il a ses crises existentielles : il bute dans les ornières, tente un renversement en montant un trottoir mal abaissé, écrase une canette jetée négligemment par une graine de barbare discriminée.

Qui m'a dit récemment que c'était monstrueux de mettre sur un même plan Toi, Moi... et lui? Mais ne savez-vous pas que les objets ont une âme? Si ! Parole de fauteuil ! Il nous remercie pour les bons soins qu'on lui donne, pour les cailloux chers à Cabrel sur lesquels il crapahute vaillamment. Pourtant la fatigue, la fatigue… l’envie de tout laisser tomber quand : je monte pour la énième fois un seuil de magasin, je contourne la énième voiture garé sur le trottoir, je me faufile entre les tables d'un restaurant où s’étalent quelques vautrés attablés, je dois parlementer avec la sécurité d'un cinéma, d'une salle de spectacle pour qu'on daigne nous laisser entrer.

Délit de sale fauteuil, ça vaut bien un délit de sale gueule à l'entrée d'une boîte de nuit. Les videurs ne nous refusent pas parce qu'on va foutre le boxon à l'intérieur. Non, ils nous refusent parce qu'un fauteuil doit porter une cravate, que c'est un club privé et qu'on a qu'à s'arranger pour être comme tout le monde !
                                                                                                                                                                                                 
Philippe Barraqué
© 2009 Tous droits de reproduction, de traduction, d’adaptation et d’exécution réservés pour tous pays . All rights reserved.

Témoignages

Lève toi et marche!

Je n'aime pas en parler, mais heureusement, d'autres ont ce courage. Ce blog aborde avec plein de pudeur le problème du handicap au quotidien, remet les pendules à l'heure sur des idées reçues. Il montre que la vie et la mort, au sens large coexistent aussi chez les personnes atteintes d'un handicap. Dans la vie du handicapé, il y a aussi un besoin d'amour , de tendresse et de se savoir vivant pour quelqu'un.

 Et encore, personne ne parle de l'inaccessibilité des spectacles, des marches pour aller chez un dentiste ou entrer dans une pharmacie. Nul ne pense à s'adresser à celui qui vit assis devant un guichet, on pose la question à celui qui suit "il veut quoi le monsieur?". Un handicapé n'aurait-il pas le droit de faire seul une démarche, une course? Je vous passe les détails pour les prêts bancaires où les assurances sont déraisonnablement majorées, les voitures équipées qui augmentent le tarif de base, des aménagements à faire chez soi, des portes trop étroites et des sas d'accès infranchissables. Alors oui, il y a quelques aides, heureusement, mais pas suffisamment.

A propos, le handicapé ne domine pas son handicap, il assume au mieux... Comment parvenir à l'oublier? Il n'a que faire de la pitié, mais souhaite être regardé comme un être à part entière. Il veut qu'on voie en lui le verre à moitié plein, pas à moitié vide...

Jérome Cayla, écrivain
23/11/07
 
Une expérience intime

Bien sûr, le handicap, c'est difficile d'en parler et d'écrire sur le sujet. On évoque toujours "l'accessibilité" (dans les lieux publics, les transports en communs, etc.) mais la réalité de ce que j'affronte se situe bien au-delà de cette dimension-là, dimension qui, me semble t-il, est trop souvent utilisée comme un symptôme-écran pour donner à penser et à croire "qu'on réfléchit et qu'on fait quelque chose" pour les personnes handicapées.

Le handicap, c'est une aventure, une expérience si intime qu'elle reste souvent irreprésentable même et surtout pour nos proches.

Comment s'installer dans son corps ?
Comment l'habiter ?

Comment accueillir le regard des autres ? Le regard de l'autre ? Le désir de l'autre ?
Bref, comment vivre et être vivant malgré tout ?

Voilà ce sur quoi je travaille depuis des années et tout porte à penser que cette réflexion m'accompagnera indéfiniment. Je pense que le handicap existe d'abord dans le regard de celui qui en a peur, dans la représentation qu'il s'en fait dans son espace psychique...

Yo, psychanalyste

2007

 
                                                                  

 

Copyright(c) 2016 Tous droits réservés.
Contacter les auteurs